Sa position au confluent de la Meuse et de la Sambre font de Namur un carrefour commercial et stratégique non négligeable. Cette situation n'échappe pas à Philippe le Bon lorsqu'il achète le comté de Namur en 1421 au dernier comte Jean III, affaibli par ses difficultés financières et dynastiques. L'exercice du pouvoir à la tête de cette ville moyenne à l'échelle des Pays-Bas bourguignons n'est donc pas sans intérêt pour certains Namurois, leurs familles et pour le prince. Une fois l'organisation institutionnelle namuroise, sa mise en place progressive et ses pouvoirs examinés en profondeur, ce livre part à la rencontre des hommes qui composent l'échevinage, véritable clé de voûte du gouvernement urbain. Une vaste enquête prosopographique, basée sur un corpus de sources riche et varié, a permis de sortir de l'ombre ces marchands namurois qui comptent parmi les manans et habitans des plus riches de la ville et du comté. Elle éclaire les atouts dont ils disposent et les stratégies qu'ils mettent en place avec leurs familles pour assurer leur intégration et leur maintien au Cabaret. Une réalité transparaît presque à chaque page : la gestion de la ville de Namur est avant tout synonyme de collusion systématique des intérêts publics et privés. Cette domination des marchands et cette pratique du pouvoir n'a jamais été contestée, ni par la communauté urbaine qu'ils représentent, ni par les artisans, grands absents de la scène politique namuroise, et encore moins par le prince. Cet ouvrage, en plus d'éclairer les institutions, les hommes et leurs champs d'actions, met en évidence le jeu subtil qui unit les ducs de Bourgogne au patriciat namurois, "ancien et nouveau", véritable réservoir fiscal pour des princes en mal d'argent. Plus largement, il montre la façon dont s'est effectuée l'intégration de la ville et du comté de Namur à l'Etat bourguignon : une intégration réussie, sans véritable opposition, avec peu d'investissements en hommes et en réformes institutionnelles, mais relativement fructueuse au regard de la taille de cette petite principauté à dominante rurale. La logique du profit guide à chaque instant les gouvernants namurois, qu'il s'agisse des échevins ou du prince. Cet ouvrage a reçu le Prix Dexia d'histoire urbaine 2005.
Author(s): Isabelle Paquay
Series: Studies in European Urban History (1100-1800), 16
Publisher: Brepols
Year: 2008
Language: French
Pages: 338
City: Turnhout
TABLE DES TABLEAUX xiii
TABLE DES FIGURES xv
ABRÉVIATIONS xvii
AVANT-PROPOS 1
INTRODUCTION 3
Gouverner la ville au bas Moyen Âge: les enjeux au sein des Pays-Bas bourguignons 3
Namur, une ville moyenne à l’échelle des Pays-Bas bourguignons 5
Limites temporelles, sources, méthode et fil de l’étude 6
PARTIE 1: LES FONDEMENTS 9
CHAPITRE 1: LE CADRE, UNE VILLE DE CONFLUENT 11
1.1 Des atouts incontournables: la Meuse et la Sambre 11
1.2 Développement et paysage urbain 13
Conclusion 17
CHAPITRE 2: LES SOURCES. LA MÉTHODE 19
2.1 Les sources 19
2.1.1 Réglementer, prescrire, surveiller 19
2.1.2 Juger 22
2.1.3 Financer (compter, percevoir, dépenser) 23
2.2. Lacunes, apports, limites et méthode 24
2.2.1 Les lacunes documentaires 24
2.2.2 Apports, limites et méthode 26
Conclusion 32
CHAPITRE 3: LES ORGANES INSTITUTIONNELS 33
3.1 La communauté d’habitants à la conquête de son autonomie 33
3.1.1 L’affranchissement et les privilèges 33
3.1.2 De la communauté à l’université de la ville 34
3.1.3 L’obtention du droit de réunion 36
3.1.4 Les signes matériels de l’autonomie 37
3.2 Les organes institutionnels 38
3.2.1 L’assemblée urbaine 38
3.2.2 L’échevinage ou Haute Cour de Namur 39
3.2.3 Les jurés 43
3.2.4 Les élus 44
Conclusion 45
CHAPITRE 4: LES POUVOIRS DES ORGANES INSTITUTIONNELS 47
4.1 Réglementer 47
4.1.1 La coutume: rappels et records, modérations et rédaction officielle 47
4.1.2 La loi 52
4.2 Juger 56
4.3 Financer 58
Conclusion 62
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 63
PARTIE 2: LES HOMMES ET LES FAMILLES AU POUVOIR 65
SECTION 1: D’UNE INSTITUTION À UN MILIEU DIRIGEANT? 67
CHAPITRE 1: LA DURÉE DES CARRIÈRES 69
1.1 L’âge d’entrée en fonction 69
1.2 Entre théorie et réalité: nomination à vie et nomination annuelle 71
1.2.1 Nomination à vie et fins de carrières 71
1.2.2 Nomination annuelle et cumul des mandats 76
1.3 La durée des carrières et l’accaparement des charges par les individus 77
1.3.1 Les maires au XVe siècle 77
1.3.2 Les échevins avant 1464 78
1.3.3 Les échevins après 1464 81
1.4 Confrontation de l’âge d’entrée en fonction et de la durée des carrières 83
Conclusion 83
CHAPITRE 2: GOUVERNER EN FAMILLE. HÉRÉDITÉ ET ENDOGAMIE 85
2.1 La réforme de 1411 contre les familles: entre théorie et réalité 85
2.2 Le poids des familles 86
2.2.1 Le nombre de membres 86
2.2.2 Le nombre de mandats 89
2.2.3 La durée de vie 91
2.2.4 L’hérédité des fonctions 92
2.3 Les réseaux de parenté et l’endogamie 94
Conclusion 96
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE SECTION 99
SECTION 2: LES FACTEURS D’INTÉGRATION AU MILIEU DIRIGEANT 101
CHAPITRE 3: ORIGINE GÉOGRAPHIQUE, APPARTENANCE SOCIOPROFESSIONNELLE
ET STATUT JURIDIQUE 103
3.1 Les patronymes et autres indices de l’origine urbaine, rurale ou étrangère 103
3.2 Hommes non de métier, de métier, clercs et juristes 106
3.3 Les statuts juridiques 108
3.3.1 Les bourgeois 108
3.3.2 Les nobles 109
3.4 L’évolution du recrutement 112
Conclusion 114
CHAPITRE 4: FONCTIONS PUBLIQUES ET 'BURGONDISATION' DE LA VILLE ET DU COMTÉ 115
4.1 Les fonctions au sein des institutions urbaines 115
4.1.1 Les élus 115
4.2 Les fonctions au sein des institutions comtales 118
4.2.1 L’administration comtale 118
4.3 Un ou des parcours-type? 120
4.3.1 Une logique socio-professionnelle et juridique 120
4.3.2 Des parcours variés 122
4.3.3 Des incompatibilités? 124
4.4 La “burgondisation” de la ville de Namur 125
4.4.1 L’intégration directe des élites locales namuroises 125
4.4.2 L’intégration indirecte: les étrangers au sein de l’administration namuroise 127
4.4.3 La réforme de 1464: 'burgondisation' et finances 130
Conclusion 132
CHAPITRE 5: FORTUNE OU FORMATION ? 135
5.1 Des hommes riches? 135
5.2 Des hommes instruits? 138
Conclusion 139
CHAPITRE 6: L’EMPRISE SUR LE SOL URBAIN: PATRIMOINES IMMOBILIERS ET LIEUX DE RÉSIDENCE 141
6.1 La place Saint-Rémy, noeud des patrimoines et des résidences 141
6.2 La place Saint-Rémy, coeur de la ville 146
6.3 La place Saint-Rémy, porte d’entrée du Cabaret 148
Conclusion 150
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME SECTION 151
SECTION 3: LES CHEMINS DE LA FORTUNE 153
CHAPITRE 7: LE COMMERCE 155
7.1 Les professions affichées 155
7.2 Les professions exercées 156
7.3 Des activités financières 162
7.3.1 Le crédit 162
Le crédit camouflé aux institutions publiques 162
Le crédit camouflé aux particuliers 165
7.3.2 Le dépôt 167
Conclusion 169
CHAPITRE 8: LES PATRIMOINES 171
8.1 La structure des patrimoines 171
8.2 La rente et son utilisation 174
8.2.1 Les rentes institutionnelles 174
8.2.2 Les rentes immobilières 174
8.3 Les immeubles urbains 178
8.4 Les immeubles ruraux 180
8.4.1 Les échevins namurois et la terre 180
8.4.2 Une gestion domaniale entre commerce et autarcie 182
8.4.3 Fiefs, alleux, seigneuries : entre valeur économique et symbolique 188
8.5 Le droit au service des patrimoines familiaux 191
8.6 La perte des patrimoines : fin du lignage ou faillite? 195
Conclusion 199
CHAPITRE 9: DES FONCTIONS PUBLIQUES LUCRATIVES ? 201
9.1 La mairie: un investissement financier 201
9.2 Les avantages directs 205
9.3 Les avantages indirects 208
9.4 La constitution d’un 'capital social' 209
Conclusion 210
CONCLUSION DE LA TROISIÈME SECTION 213
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE 215
PARTIE 3: LES HOMMES EN ACTION 217
CHAPITRE 1: LIEUX, TEMPS, COMMUNICATION ET
MÉMOIRE DU POUVOIR 219
1.1 Les lieux du pouvoir 219
1.1.1 Les réunions 219
1.1.2 Les banquets 222
1.2 Les temps du pouvoir 223
1.3 La communication du pouvoir 230
1.4 La mémoire du pouvoir 232
Conclusion 235
CHAPITRE 2: LES CHAMPS D’ACTION 237
2.1 Le maintien de l’ordre public: le pouvoir urbain se répète 237
2.1.1 Sécurité intérieure, moeurs, hygiène et salubrité,
assistance des pauvres et des malades 237
2.1.2 La sphère économique: métiers, monnaie et commerce 240
2.2 La défense: un système efficace? 245
2.3 Les travaux publics: une gestion saine? 247
Conclusion 249
CHAPITRE 3: UN POUVOIR EN RELATIONS 251
3.1 Les voyages 251
3.1.1 Les modalités pratiques (fréquence, coût, destinations et personnel) 251
3.1.2 Scavoir et enquerir des nouvelles 253
3.1.3 Requérir la grace du seigneur ou d’autres villes 254
3.2 Dons, pots de vins et réceptions 255
3.2.1 Vins presentés, dons donnés et autres manieres: une réalité comptable 255
3.2.2 Les bénéficiaires 257
3.2.3 Pour recommander le fait de ceste dite ville 258
3.3 Les raisons du jeu 259
Conclusion 260
CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE 261
CONCLUSIONS 263
Maire et échevins namurois, entre la communauté urbaine et le prince 263
Une élite commerciale et foncière, véritable patriciat namurois 264
Entre gestion urbaine et gestion d’entreprise: la collusion systématique des intérêts publics et privés 266
Gestion urbaine et construction de l’État: la réforme de 1464, les hommes et les finances 267
En filigrane : l’intégration du comté de Namur aux Pays-Bas bourguignons 268
BIBLIOGRAPHIE 271
I. Sources inédites 271
II. Sources éditées 279
III. Travaux 281
1. Bibliographie générale 281
2. Bibliographie namuroise 292
INDEX DES NOMS DE PERSONNES 299
TABLEAUX EN ANNEXE 307
FIGURES EN COULEURS 311