Ce qui distingue le Nègre Marcus Garvey de ses prédécesseurs et de ses contemporains, ce n'est pas qu'il ait été davantage PAN-NEGRE qu'eux. C'est qu'il ait fondé son action "pour la Race" sur une stratégie différente : le Garvéyisme est avant tout un combat de masse ayant mobilisé d'abord les Nègres "du bas", ceux qui endurent le plus violemment les humiliations et oppressions dues à leur peau Noire. De là, l'action garvéyise mise en branle au début du XXe siècle, avec toutes ces imperfections.
De "l'autre côté", il y avait les intellectuels Noirs, les penseurs du Panafricanisme, misant plutôt sur l'avancée des idées "progressistes", sur la persuasion, pour changer la donne raciale séculaire. Ainsi les Du Bois, Padmore, Cheikh Anta Diop, qui se sont adressés aux élites Noires.
Ce n'est pas un hasard si les successeurs de Marcus Garvey ont grandi aux USA : Malcom X, Martin Luther King, et ont été assassinés. Ce n'est pas non plus la "malédiction" si, de l'autre côté de l'Océan, le consciencisme de N'Krumah a pour le moment échoué.
Il reste à démontrer au Nègre qu'il est capable de faire aussi bien que le Blanc, mais il faut d'abord qu'il s'aime lui-même et aime ses congénères. Il lui faut constituer une force concrète, seule capable de s'opposer à la force concrète cumulée de la discrimination raciale et du néo-colonialisme.
Il lui faut se mobiliser et s'organiser mondialement.
L'auteur, après avoir décrit dans un premier volume la vie et l'oeuvre de Marcus Garvey, trace ici les lignes convergentes qui soudent le Garvéyisme au Panafricanisme : les deux facettes d'un même combat de libération.
Author(s): Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo
Publisher: L'Harmattan
Year: 1995
Language: French
City: Paris