Les frontières de l'"identité nationale" : l'injonction à l'assimilation en France métropolitaine et coloniale

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Comment un État-nation trace-t-il les frontières de ce qu’il perçoit comme son « identité » ? Pourquoi et comment, pour y parvenir, cherche-t-il constamment à définir son extériorité au travers d’un Autre jugé « inassimilable » ? En revenant sur les origines historiques de l’injonction à l’assimilation dans la procédure de naturalisation, ce livre cherche d’abord à montrer que ces « frontières » sont mouvantes. Celles-ci sont en effet le fruit de facteurs multiples, liés au contexte social et politique aussi bien qu’aux glissements des significations et des usages du concept même d’« assimilation » (des colonies vers la métropole, du discours politique vers le juridique…). Mais, outre cette dimension historique, ce livre novateur analyse la manière dont l’administration mesure l’« assimilation » des candidats. Grâce à une enquête minutieuse en préfecture qui aura duré deux ans (2006-2007), l’auteur met ainsi en lumière l’invention des critères d’assimilation et les usages administratifs qui en sont faits, également déterminés par la concurrence de logiques administratives distinctes, les pratiques des agents subalternes et la « naturalisabilité » des candidats. La « vérité objective » de la naturalisation est particulièrement bien révélée par les cas de refus de naturalisation pour « défaut d’assimilation », qui concernent aujourd’hui principalement des femmes et/ou des musulmans. Ces refus soulèvent ainsi les questions du hijab, de la polygamie et de l’« islamisme », qui constituent à l’heure actuelle autant de frontières à la prétendue « identité nationale ».

Author(s): Abdellali Hajjat
Publisher: Découverte
Year: 2012

Language: French
Pages: 337
City: Paris

Introduction
Assimilation et naturalisation
La question de l’héritage colonial
Sociologie des coulisses de l’État
I / Naissance de la catégorie d'assimilation
1 . Socio-histoire du concept d'assimilation
Les premiers usages du concept d’assimilation
Quand « assimilation » devient synonyme d’égalité
La politique d’assimilation comme solution à la « guerre des races »
Le dispositif de guerre - Assimilation nationale : une guerre menée par d’autres moyens - « L’art d’assimiler » pour empêcher le retour de la guerre
Renversement de la logique révolutionnaire : l’assimilation impossible des colonisés
« Aristocratisation » du discours colonial bourgeois - Savoir militaire et brutalisation - La légitimation politique de l’impossible assimilation des colonisés
2 . L’assimilation saisie par le droit de la nationalité
Invention d’une condition de naturalisation dans le droit colonial
Pourquoi naturaliser des indigènes jugés inassimilables ? - Critères de civilisation
Le tournant de la loi de 1927
Un transfert colonial ? - Assimiler les « races sœurs » : la solution à la « guerre des races » - Suspicion, hantise démographique et racialisation - Domination coloniale, familialisme et régénération de la race française - Trier les assimilables et les inassimilables
La barrière de la langue
La race, un critère de sélection logiquement inopérant en métropole - Nécessité pratique et volonté de savoir - La langue française comme véhicule de l’idéologie républicaine
II / La mesure de l'assimilation
3. La mesure de l'assimilation en pratiques (1927-2007)
Un nouveau critère de naturalisation à l’épreuve de la routine administrative (1927-1939)
La volonté d’inculquer un ethos administratif : remise en ordre du bureau du Sceau et divergences d’appréciation - L’appropriation de la logique démographique
Nécessité démographique et déracialisation (1945-1966)
Besoins démographiques de l’après-guerre et assouplissement de la condition d’assimilation - La culture sans la race - Déracialisation, décolonisation et disqualification internationale du concept de race. Quant le haut fonctionnaire devient socio-démographe
Nouveaux candidats et nouvelles pratiques (1966-2007)
Création de la DPM : rationalisation et échelle d’assimilabilité - Invention d’une condition d’assimilation pour l’acquisition de la nationalité par mariage - Multiplication des décisions défavorables pour « défaut d’assimilation » - Premiers de cas de polygamie, de « voile » et d’« islamistes » - Défaut d’assimilation, un fait avant tout féminin
4 . Ethnographie d'un sens de la mesure
Un bureau à part
Des agents marginalisés au sein de la préfecture - Des normes bureaucratiques en tension
L’interaction asymétrique des agents et candidats
Le « double jeu » des agents - Confusion entre compétences administratives et compétences linguistiques - « Il faut être motivé pour avoir la nationalité française » - Chef de bureau en quête d’uniformisation des avis
Minimum vital linguistique
Quel étalon de mesure ? Langue légitime, sentiment national et racialisation - Effets de censure, anticipations et attentes
La question de la culture : assimilation ou intégration ?
«Feeling» et « ressenti » - Le port du hijab : un cas-limite problématique pour l’administration :
une difficile distinction entre bon « foulard » et mauvais « voile » ; seuil de sensibilité ; jeunes femmes rebelles et vieilles femmes sans problème ; la signification sociale de l’injonction au dévoilement
5 / Islam et défaut d'assimilation
Polygamie et nationalité
La polygamie condamnée : défense de la civilisation et sauvegarde de l’ordre public
Polygamie de droit versus polygamie effective : l’administration désavouée par le juge
« Droits et devoirs » et sexualité
La connaissance des « droits et devoirs » et des « principes et valeurs » comme condition de naturalisation - La définition de l’Autre absolu inassimilable - Vers une frontière « civilisationnelle » européenne ?
« Bons » et « mauvais » musulmans
L’« islamisme » est-il un « défaut d’assimilation » ? Confusion conceptuelle et opposition entre « radicaux » et « modérés » - Les « islamistes » devant le juge : la barrière des « valeurs essentielles » - Comment prouver sa « bonne assimilation » ? Loyauté, exemplarité et mérite
Conclusion
Sources