Le 10 avril 1734, un incendie se déclare dans une maison située dans ce qui est aujourd'hui le Vieux-Montréal. En quelques heures, 46 maisons et l'hôpital sont détruits par les flammes. On pointe du doigt une esclave noire, Marie-Josèphe-Angélique. «Deux mois avant l'incendie, elle avait tenté de s'enfuir vers les colonies anglaises avec son amant, explique l'historienne Denyse Beaugrand-Champagne. On a donc rapidement conclu qu'elle avait mis le feu à la maison de sa maîtresse pour couvrir une nouvelle fuite en compagnie de son amant, libéré de prison deux jours plus tôt.»
À une époque où la justice se veut expéditive et spectaculaire, le procès s'enlise pendant deux mois. Aucune preuve ne vient appuyer la rumeur. «Le 4 juin, ajoute Denyse Beaugrand-Champagne, sur la seule déclaration tardive et mystérieuse d'une fillette de cinq ans, Angélique est condamnée à mort alors qu'elle a toujours clamé haut et fort son innocence. Ce n'est que sous la torture qu'elle admettra sa culpabilité.» Angélique est pendue publiquement, et sa dépouille brûlée. Les autorités ferment le dossier.
Angélique aura-t-elle été rebelle, victime ou bouc émissaire?»
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Extrait de: "La torture et la vérité : Angélique et l'incendie de Montréal" http://www.usherbrooke.ca/liaison_vol40/n16/a_angelique.html
Author(s): Denyse Beaugrand-Champagne
Publisher: Libre Expression
Year: 2004
Language: French
Commentary: signé par l'auteur
Pages: 296
City: Outremont, Québec