Geneve, 2013. — 107 p.
Les travaux de Jean Wirth sur l’histoire de l’image médiévale se sont accompagnés dès le début d’une réflexion théorique sur la sémantique de l’image dont il livre les résultats dans ce petit ouvrage. Après avoir montré combien la notion d’image est devenue floue, il reprend le problème là où l’avaient laissé les penseurs du passé, comme saint Thomas, Peirce et Wittgenstein (auxquels il faut ajouter Prieto), puis construit pas à pas une théorie de l’imitation à la fois logiquement cohérente et empiriquement acceptable. Il analyse pour cela la relation élémentaire entre un objet et sa représentation mimétique, sans privilégier l’objet visuel, et dégage la spécificité de cette relation qui diffère considérablement de la dénotation dans le langage articulé, car les unités syntaxiques et sémantiques se confondent. En revanche, les tropes utilisés pour désigner un objet au sens figuré constituent une rhétorique comparable à celle du langage, ce qui permet la mise en image de notions abstraites. Jean Wirth examine ensuite le problème de la représentation des objets auxquels on dénie l’existence, laquelle servait d’argument contre les théories de l’imitation à des auteurs comme Nelson Goodman. Il montre enfin que l’image en soi ne possède aucune performativité, mais qu’elle entre dans des processus performatifs, en déployant une efficacité qui n’est pas de même nature. Ce petit livre rouvre ainsi un débat sur l’image qui était vif dans les années soixante du siècle passé, mais s’était endormi à défaut d’aboutir.